Sandrine Daubrège : mosaïste d’art.
Passionnée par l’Italie et les artisans d’art, Sandrine Daubrège mosaïste nous reçoit dans son atelier en bordure de la frontière française. Autodidacte, elle travaille les matières brutes telles que le marbre, l’ardoise, la pierre, le verre, le bois, les coraux et les pierres fossiles. Ses armes, elles les a faites entre les ardoisières des Ardennes françaises et les grandes écoles italiennes de Spilimbergo, Frioul & la classique Ravenne dans lesquelles elle a suivi des formations ponctuelles.
LMdO : Avant tout, une question toute simple pour nous remettre les idées en place si vous voulez bien … Qu’est-ce que c’est la mosaïque ?
Sandrine Daubrège : Être mosaïste, c’est utiliser des tesselles de pierre, de marbre ou de verre pour composer un tableau cohérent. La fonction du tableau peut-être purement décorative ou faire partie intégrante de l’architecture s’agissant de sols ou de murs, voire de plafonds. La technique existe depuis plus de 6000 ans. Chaque fois, il y a une pose particulière qui correspond au type de travail en cours. Les techniques diffèrent selon le rendu que l’on cherche. Les étapes sont nombreuses.
LMdO : Les mosaïques antiques représentaient souvent des scènes de la vie quotidienne. En ça, elles sont intéressantes pour les historiens. Quels sont les liens entre votre travail et la mosaïque ancienne ?
SD : Quand les tableaux n’existaient pas, le mosaïste remplissait le rôle de témoin de son époque. Ces artisans ont jeté les bases de notre art à cette époque lointaine mais rien n’a fondamentalement changé. Pour un mosaïste contemporain, c’est intéressant de pouvoir maîtriser les techniques liées à la mosaïque antique plus figurative mais ce n’est pas une obligation. Nous sommes par contre beaucoup plus libres maintenant pour pouvoir explorer des pistes intéressantes avec les matériaux et les formes. Le travail de nos aïeux reste remarquable. De l’habillage des sols ils sont passés aux parois pour terminer sur les plafonds et coupoles. Ces mosaïques là souffrent moins d’usure mécanique et certaines d’entre elles sont restées de vrais chefs d’œuvres parfois plusieurs siècles après leur pose comme El Duomo à Florence. La représentation religieuse à travers la planète a été déterminante pour la mosaïque que l’on retrouve dans toutes les religions. Je suppose que depuis toujours les mosaïstes puisent dans la nature leur source d’inspiration.
LMdO : Parlez nous des matières.
SD : Le marbre reste la base. Pour marquer le prestige des lieux décorés, l’or, les pierres semi précieuses, le verre ont rapidement fait partie de la panoplie des tesselles utilisées par les mosaïstes. De nos jours, les ciments modernes permettent d’inclure pratiquement tout ce que l’on veut, y compris des matériaux synthétiques par exemple comme le plexiglas ou le plastique. Personnellement, je n’utilise que des matériaux naturels et de préférence locaux. Mes nombreux voyages à Murano me permettent aussi d’accéder au verre de qualité comme celui qu’utilise Ercole Moretti pour ses murines. Je n’utiliserai jamais de verre industriel par exemple. Mais je précise que c’est personnel, je n’imposerais pas cette vision à un débutant qui me demanderait conseil.
LMdO : Quel équilibre trouvez-vous dans la mosaïque ?
SD : Elle agit sur moi comme une thérapie. Manier la marteline pour obtenir une tesselle délicate, c’est dompter les éléments avec une main de fer dans un gant de velours. C’est un matériau fort et difficile qui nécessite de libérer sa force lors de la taille. Ensuite, on se concentre sur un tableau, une création. C’est libératoire pour moi. Beaucoup de mosaïstes coupent de grosses quantités de tesselles et puis posent pendant des heures. Je suis incapable de travailler ainsi. Le va et vient entre l’outil de taille et le tableau est obligatoire dans mon processus de création, il rythme mon travail, sinon je me déconcentre.
LMdO : Comment fonctionne votre processus créatif ? Qu’est-ce qui vous inspire ?
SD : Il est très florale et organique. Je suis une fille de la terre et mes origines campagnardes transparaissent dans toutes mes créations. C’est ma patte. Je démarre généralement d’une idée de tête mais elle évolue sans cesse en cours de réalisation. Il n’est pas rare que j’enlève un élément, que je le remplace, voire que je recommence la pièce. Je ne travaille par contre jamais avec un modèle imposé que je n’aurais pas créé. Si une collectivité me demande d’habiller une colonne en béton, je m’inspire du lieu, d’éventuelles indications du client sur les teintes ou le mouvement par exemple. Au final, l’œuvre livrée doit toujours être une création originale qui sort de mon univers créatif.
Sandrine Daubrège Mosaïste d'Art : le Site Web.
Spécialiste des ateliers depuis une dizaine d’années, Patrice Niset vous emmène au cœur de l’excellence et des beaux gestes. Il vous fait découvrir l’envers du décor. Patrice est passionné par les gens passionnés et fiers de leurs métiers !
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