Mertens : Maîtres Orfèvres à Bruxelles.
Fraîchement reconduite dans la liste prestigieuse des Fournisseurs de la Cour de Belgique, la maison Mertens redonne vie à l’argenterie et aux objets précieux malmenés par le temps. Dans l’atelier Forestois, les cas parfois les plus désespérés retrouvent une seconde jeunesse dans les mains expertes de la maison Mertens. Depuis 1918, les Maîtres Orfèvres à Bruxelles exercent un précieux savoir faire dans les métaux non ferreux, qu’ils soient argentés, dorés ou nickelés.
LMdO : Un arrière grand père ouvrier matricien qui ouvre une première enseigne Mertens dans la petite rue des Bouchers et 4 générations d’orfèvres. On peut dire que vous avez de l’or dans les veines chez les Mertens ?
Thierry Mertens (le fils) : La transmission s’est toujours opérée naturellement, de père en fils. C’est vrai que nous sommes bibronnés depuis toujours au son des marteaux et au contact des belles matières. L’apprentissage se fait de façon presque automatique depuis des générations. Personnellement, j’ai commencé à l’atelier vers 14 ans en donnant un coup de main à gauche ou à droite, modestement. Chemin faisant, j’ai acquis tous les gestes nécessaires à la vie de l’atelier. 80 à 90% de notre activité tourne autour de la restauration ce qui nécessite une bonne connaissance des techniques liées à l’orfèvrerie. La fabrication représente une partie beaucoup plus mince mais nous excellons aussi dans la réalisation de pièces 100% originales, commandées par des particuliers ou imaginées par certains designers ou artistes célèbres comme José Chapellier ou Siegfried De Buck.
LMdO : La panoplie des métiers est impressionnante. Etes-vous tous polyvalents ?
Michel Mertens (le père) : Quand un ouvrier rentre chez nous, c’est un long apprentissage qui commence. L’expérience des anciens orfèvres est le moteur de l’atelier. De nombreux mois sont nécessaires pour vraiment parfaire la formation que nous voulons complète. Les postes sont échangeables, c’est indispensable pour la bonne marche de l’atelier. Le profil type est celui de joaillier mais il faut savoir débosseler, polir, tourner, estamper, souder et même parfois faire un peu d’électricité sur les luminaires à restaurer. Bref, nous reproduisons tous les gestes qui ont été posés par nos prédécesseurs.
LMdO : Qui sont vos clients ?
Michel Mertens : Nous sommes une des rares maisons à maîtriser le processus de restauration de A à Z, sans support extérieur. En ça, nous intéressons beaucoup les antiquaires désireux de remettre sur le marché des pièces de qualité exemptes de défauts. Nous devons absolument faire en sorte de ne pas laisser de traces de notre passage. Les objets sont refaits à l’identique, en respectant les techniques d’origine. Un trou est comblé avec le matériau d’origine, il n’est pas question d’utiliser une résine ou un mastic même si la pièce va passer à l’argenture ou la dorure. Ce respect de l’objet est encore plus strict quand on travaille pour l’IRPA par exemple qui nous a confié quelques pièces d’orfèvrerie de la Tour Japonaise à rénover.
Thierry Mertens : Nous sommes aussi en charge des restaurations pour la maison Christofle à Paris dont nous assurons les réparations pour le Benelux, la Suisse et les pays scandinaves. Il y a aussi pas mal d’objets religieux qui arrivent chez nous. Certains d’entre eux n’ont pas vu les mains d’un artisan depuis leur création, parfois cela remonte au 15 ème siècle. C’est une vraie responsabilité. Bien sur, beaucoup de particuliers poussent aussi nos portes car les gens ont souvent de vrais trésors chez eux. Enfin, le Palais Royal reste un client très important puisque nous entretenons les services qui sont utilisés pour les réceptions prestigieuses. C’est aussi un travail très gratifiant.
LMdO : Parlez-moi des créations. Quel créneau occupez-vous en tant qu’orfèvres ?
Thierry Mertens : Nous réalisons les prototypes qui seront validés par les grandes maisons pour une mise en production en série. C’est un travail plus rare mais très intéressant puisque nous partons de rien, d’une feuille blanche : tout est à créer. Après quelques modifications et la validation, on peut ainsi voir nos prototypes mis au catalogue de certaines marques très réputées. Bien sur, la production en série se fait alors ailleurs mais la maison Mertens est un maillon indispensable. Nous avons aussi notre propre catalogue d’art de la table. Les clients nous passent commande et nous réalisons les pièces. La qualité n’a rien à envier aux meilleures maisons de prestige mais nous sommes bien moins chers.
LMdO : Quels sont vos rapports avec les artistes ?
Michel Mertens : Nous défendons une politique d’ouverture. C’est un honneur pour nous de mettre notre savoir faire à la disposition de la création pure. Nous collaborons avec des gens très intéressants pour donner vie à leurs projets. Ils imaginent des pièces que nous réalisons. Mais nous aimons aussi ouvrir nos portes à des gens que nous estimons et qui travaillent eux mêmes la matière. Ils profitent alors de nos installations et de nos conseils, c’est une façon intéressante de partager notre amour pour le métier. Pour l’instant nous accueillons une jeune orfèvre, Annick Tapernoux, spécialiste en objets martelés dont le travail nous plait beaucoup.
La Maison Mertens, Maîtres Orfèvres à Bruxelles
Spécialiste des ateliers depuis une dizaine d’années, Patrice Niset vous emmène au cœur de l’excellence et des beaux gestes. Il vous fait découvrir l’envers du décor. Patrice est passionné par les gens passionnés et fiers de leurs métiers !
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