Piet Stockmans – Céramiste High End – Genk.
Visiter l’atelier Piet Stockmans, céramiste high end Genk est un privilège. Exceptionnellement, l’atelier m’a été ouvert, à une seule condition. Ne rien montrer du secret qui entoure ce qui fait toute le réputation du Studio Piet Stockmans : le bleu cobalt reconnaissable entre tous, le fameux Stockmansblauw !
Qu’à cela ne tienne, accéder à l’univers créatif de Piet Stockmans ne se refuse pas même si il est pratiquement impossible d’en faire le tour. Pensez donc, cette délicate porcelaine biscuit orne les plus belles tables du Metropolitan à New-York ou encore celles du Louis XV, le restaurant d’Alain Ducasse à Monaco. Ducasse aime à dire que la porcelaine de Stockmans l’inspire pour de nouvelles expériences, de nouveaux mélanges. Une osmose délicate et parfaite entre le contenant et le contenu. Les grandes tables étoilées à travers la planète et les musées les plus réputés font régulièrement appel au génie créatif du céramiste d’Art Piet Stockmans. Mais réduire Piet Stockmans à l’art de la table reviendrait à prétendre que Léonardo De Vinci n’avait qu’une corde à son arc.
On ne compte plus les sculptures contemporaines où la porcelaine se fait tuile, trophée, objet design … en un mot, oeuvre d’art. Si Piet travaille depuis 50 ans dans la porcelaine (il a fait tout son apprentissage chez Royal Mosa B.V. à Maastricht), c’est depuis 1987 que son propre Studio a été ouvert et est maintenant implanté sur le carré de mine de Winterslag : un site industriel intelligemment reconverti comme la Flandre en a le secret. Le site minier abrite un ancien atelier métallurgique classé qui sert maintenant d’écrin aux créations du designer et céramiste limbourgeois. Depuis 1994, la fille de Piet veille sur le studio, et récemment, son mari, le créateur Frank Claesen a rejoint l’équipe pour une nouvelle impulsion de la marque. Genk n’est probablement pas encore la capitale mondiale de la porcelaine mais la qualité et l’originalité du Studio n’a rien à envier à Limoges ou Bavaria.
ATELIER - extrait du site de Piet Stockmans. Temps et patience
La fabrication de la porcelaine demande beaucoup de temps, et surtout beaucoup de patience.
Le processus de réalisation d’un produit artisanal du Studio Pieter Stockmans nécessite
17 manipulations en 7 jours de travail. On ne façonne pas la porcelaine, la porcelaine façonne
l’artiste. Chaque manipulation doit se faire avec le plus grand soin.
La devise est : observe et apprends. Et n’oublie pas de tenir compte d’un rétrécissement de 17 %.
Dans l’atelier de Pieter Stockmans, la qualité est essentielle. Seules quelques entreprises
artisanales maîtrisent la production de la porcelaine jusque dans les moindres détails.
On offre une création artisanale Pieter Stockmans à ses meilleurs amis et à sa famille.
Et on la transmet de génération en génération. Décorez votre table avec une magnifique vaisselle
et prenez le temps d’y manger. Comme le dit Alain Ducasse : « C’est une nouvelle manière de prendre son repas
Pour en savoir un peu plus sur le céramiste Piet Stockmans que je n'ai pas eu la chance de rencontrer ...
L’or blanc qui me permet d’être créatif avec de la simple argile » aime à dire Piet Stockmans. Cuite à très haute température (1400 degrés), elle donne aux produits, cette transparence, cette apparente fragilité et ses formes parfois irrégulières dues aux importants « retraits » lors du refroidissement mais qui ont fait la marque Stockmans. « Nous faisons un avantage des désavantages de la porcelaine », explique sa fille. L’atelier de Pieter Stockmans est, dit-il, un des seuls en Europe, à disposer encore du savoir-faire pour fabriquer de la porcelaine. Avec bien sûr ce « bleu » caractéristique et qu’on retrouve partout avec le blanc (il n’y a jamais d’autres couleurs). Ce bleu (un bleu de cobalt avec un effet évanescent placé à la main au bord de ses objets). « C’est la seule couleur pure qui résiste à 1400 degrés », nous explique-t-il.
Dès l’entrée du bâtiment, on est plongé dans ce bleu avec un dallage aux couleurs du ciel. Sur les murs, il a placé quelques objets de porcelaine comme ces feuilles empilées qui semblent envahir la rampe menant à l’étage. Au rez-de-chaussée, des objets très divers, à vendre, depuis des vases jusqu’à des bijoux en porcelaine, en passant par toute la vaisselle et les plats et soucoupes carrées et emboîtables.
Tout le vaste étage est son atelier de création comme artiste. Stockmans ne fait pas de distinction entre design et art : « J’ai toujours fait les deux, avant que ce ne soit la mode aujourd’hui. Je fais de la création sans frontières. Mais ce n’est pas pour cela que je me prends pour Léonard de Vinci, même si lui aussi, exerçait diverses disciplines ». « Et je m’ennuie vite, alors je veux régulièrement faire autre chose ».
A l’étage, on voit son xylophone en porcelaine, ses grands vases objets, ses livres de porcelaine, une installation superbe sous la verrière, faite de morceaux brisés. Il moule des ventres de femmes pour en faire une croix faite de femmes pour témoigner de leur situation, dit-il. A leur demande, il moule aussi des ventres de femmes enceintes et y ajoute sa touche bleue, pour en faire des objets que ces femmes offriront plus tard à leurs enfants. Pieter Stockmans a même créé une « frontière linguistique » en céramique pour se moquer de nos querelles qui, dit-il, disparaîtront quand la mer montera si haut que seul le Limbourg subsistera en Flandre !
Pieter Stockmans est bien connu dans le monde de la céramique contemporaine. On lui doit d’être l’un des premiers céramistes belges à avoir, dès le milieu des années 1970, repoussé les limites de cette discipline à travers des installations et des performances surprenantes. Dès le départ, Pieter Stockmans a cumulé un œuvre d’artiste et de designer. Sa reconnaissance comme plasticien fut souvent occultée par son succès commercial dans le domaine des arts de la table. Après une formation en arts plastiques qui l’influence toujours, Pieter Stokmans fut designer pour la firme hollandaise Mosa de 1966 à 1989, quand Mosa arrêta cette production. Il se forma entre autres à Selb, en ex-RDA, haut lieu de la porcelaine de Saxe (firme Rosenthal) et travailla à Paris avec le designer Raymond Loewy. Stockmans a contribué au développement de la marque Mosa en dessinant des services de table en porcelaine produits industriellement. Sa tasse Sonja fut produite à 60 millions d’exemplaires par Mosa, 17 copies illicites sont à ce jour recensées !
Pieter Stockmans a travaillé aussi pour Royal Boch en 1998 et 2007, créant des services toujours vendus (l’un d’entre eux aux magasins Blokker !).
Pieter Stockmans a aussi petit à petit libéré l’objet et sa forme d’un usage exclusif et leur a donné plusieurs usages possibles (les soucoupes et assiettes qui peuvent devenir aussi des couvercles !). Il créa son service « multomok » et ses services pour avions. En 1989 à la fin de Mosa, il lança sa propre chaîne de production mais trois ans plus tard, il devait arrêter et devint designer free-lance.
Le « show-room » présente surtout la production plus contemporaine du studio Stockmans où il travaille donc dorénavant avec sa fille et son beau-fils. On y retrouve ses célèbres gobelets et verres à bords bleus et parois « affaissées ». Elles sont en fait pliées manuellement, « les ouvriers coopèrent à la création », dit-il. Actuellement, tout en disposant de cette petite unité de production autonome, « le Studio Pieter Stockmans », il crée toujours des prototypes pour l’industrie. Novateurs tant sur le plan de la forme que celui de la fonctionnalité, ses travaux font de lui l’un des plus importants designers.
GUY DUPLAT Publié le
Spécialiste des ateliers depuis une dizaine d’années, Patrice Niset vous emmène au cœur de l’excellence et des beaux gestes. Il vous fait découvrir l’envers du décor. Patrice est passionné par les gens passionnés et fiers de leurs métiers !
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