Couleur Café … Torréfacteur.
Visiter un atelier spécialisé dans les métiers de bouche n’est pas chose courante pour LMdO. Souvent aseptisées par une législation sévère, ces installations sont rarement esthétiques car le produit est peu visible et circule souvent dans une chaîne de production sans âme. Rien de tout cela chez le torréfacteur Looze : ici, le grain torréfié est brassé, manipulé, conditionné, moulu. La petite commune de Feluy se réveille tous les lundis matin bercée par les effluves de café chaud : on torréfie à l’ancienne chez les Looze.
Jacques Looze, torréfacteur revient sur l’historique de sa petite entreprise.
1950-1969 : Le Congo
Tout commence au début des années 1950 lorsque Joseph Looze (1er J de notre appellation J.J. Looze) décide de quitter la Belgique avec femme et enfants pour s’installer au Congo, ancienne colonie belge. Il y achète une plantation de caféiers de 120 hectares dans le Nord Kivu et se lance également dans la culture maraîchère et l’élevage.Après les événements de 1960, Joseph investit dans une structure d’usinage de café et exporte les productions de nombreuses plantations du Kivu. En 1964, son fils Jacques (2ème J. de J.J. Looze) fait le choix d’épauler son père sur le terrain.
1969 : Retour en Belgique
Dans un premier temps, le retour en Belgique n’est pas définitif ; toutefois, recommencer une fois de plus en Afrique semble assez hasardeux. C’est alors que l’occasion de reprendre une torréfaction de café à Bruxelles se présente et quoi de plus naturel que de poursuivre dans un domaine déjà si bien connu.
Père et fils apprennent le métier de torréfacteur, épouses et sœur s’occupent des deux magasins de détail, l’un situé sur la chaussée de Waterloo à Ixelles, l’autre sur le Boulevard Léopold II à Molenbeek où se trouve la torréfaction.
En 1974, les prix des cafés verts explosent sur le marché mondial, la plupart des torréfactions belges disparaissent. Malgré les difficultés, les cafés J.J. Looze traversent la crise tout en modifiant un peu leurs activités. Ils reprennent notamment une société de vente de matières premières pour boulangerie.
En 1986, Joseph Looze se retire et son fils, Jacques, recentre les activités sur la diffusion du café dans l’HORECA haut de gamme. Les statuts de la société sont modifiés et le troisième J, celui de Jacqueline (la sœur de Jacques), qui apparaissait dans la marque d’origine, est abandonné par l’agent en charge !
En 1989, l’activité se diversifie à nouveau avec la distribution et la commercialisation en Belgique des « Confitures à l’Ancienne », conditionnées en verrines de 28g, dans le secteur de l’hôtellerie de luxe.
Puis, en 1994, la torréfaction déménage à Feluy dans une ancienne ferme. Située dans un environnement agréable, cette nouvelle installation, bien plus vaste que la précédente, va permettre une centralisation du stockage des marchandises, une rationalisation de la production et de la préparation des commandes ainsi qu’une facilité de chargement et de parking. A cette époque, Sylvie, la fille de Jacques, rejoint l’entreprise familiale.
[extrait du site web www.cafesjjlooze.be]
LMdO : Planter, récolter, exporter, c’est un métier. Torréfacteru, c’est une autre histoire, comment avez-vous passé ce cap ?
Jacques Looze : Effectivement, torréfacteur était la suite logique, encore fallait-il apprendre. Nous avons racheté une petite affaire à Bruxelles au Boulevard LéopoldII. Tout le matériel s’y trouvait. Nous avions déjà une certaine expérience des mélanges avec des torréfacteurs allemands qui nous demandaient des mélanges au départ de l’Afrique. Nous sommes donc passés derrière le torréfacteur.
LMdO : De quel manière le métier a t’il évolué depuis les années 70 ?
Sylvie Looze : A l’origine, nous ne proposions que des mélanges comme la plupart des nombreux torréfacteurs en activité à cette époque là. Depuis les années 90, nous mettons en avant des cafés Grands Crus de très haute qualité qui ne sont plus mélangés mais qui sont bien typés. Notre carte de pures origines s’est donc grandement étoffée. Ce sont des produits haut de gamme pour amateurs exigeants et bien sur pour les restaurants et hôtels de qualité.
LMdO : Après les cartes de vin et d’eau, on en vient aux cartes de cafés ?
JL : C’est l’idée en effet. Mais je dois admettre que ce n’est pas facile à instaurer. Depuis peu, les chefs étoilés commencent effectivement à montrer un intérêt pour la formule. Nous avons ainsi créé un mélange qui n’est disponible qu’au Chalet de la Forêt à Bruxelles. Il a été élaboré en collaboration avec le chef.
SL : L’art du torréfacteur, c’est le mélange. Nous continuons à développer nos idées. 3 nouveaux mélanges ont ainsi été proposés l’année dernière. Nous avons rentré aussi 3 nouveaux grands crus.
JL : Néanmoins, le café est une boisson un peu négligée. C’est un secteur d’activité qui occupent des millions de gens sur terre mais peu de gens en ont conscience. Les petits torréfacteurs disparaissent les uns après les autres au bénéfice des grands grands groupes internationaux qui tirent les critères de qualité vers le bas.
LMdO : C’est quoi un bon café?
JL : C’est l’harmonie. Du mélange ou du 100% d’origine. Dans un cas, c’est le savoir faire du torréfacteur qui fait la différence. Dans le second cas, c’est la qualité de la matière première qui prime sur tout. Chez Looze, les mélanges sont faits à base des 100% d’origine. La qualité ne peut être qu’au rendez-vous. L’apprentissage du bon café a ses règles. La légère acidité des arabicas, le corps qu’ils développent entrent dans la composition des mélanges de qualité. A l’inverse, les robustas plus amères, qui entrent généralement dans les cafés type italiens n’ont pas la cote chez nous.
SL : Les clients qui redécouvrent les cafés de qualités ont parfois un peu de mal au début avec nos produits qu’ils jugent un peu trop doux et acidulés. C’est pourtant le bon choix même si il peut paraître atypique. C’est probablement une question d’éducation au goût. Il ne faut pas oublier que le café a été pendant des décennies la boisson du labeur : les ouvriers le voulaient corsé, à l’italienne et à base de robusta. Plus on descend vers le sud, plus on emploi de robustas, plus on monte, plus on trouve de l’arabica. C’est culturel.
LMdO : Comment voyez-vous évoluer le métier ?
SL : Les industriels ont révolutionné le métier en introduisant massivement les machines à expresso pour le particulier. C’est une bonne chose pour nous car nombre de consommateurs redécouvrent l’art de faire le café. Ils sont nombreux à avoir fini par délaisser les dosettes individuelles chères, polluantes et de qualité moyenne pour revenir au café artisanal en grain torréfié à la main.
Ce que Sylvie nous apprend de ses cafés :
« Nous vous invitons à découvrir une liste non exhaustive et les caractéristiques gustatives de nos « Mélanges Maison« , assemblage de grandes Origines et de Grands Crus, ainsi que la carte de nos « GrandsCrus » 100% pure origine.
Il est important de savoir que les Grands Crus ne sont pas disponibles en quantité suffisante sur les marchés pour satisfaire toute la demande mondiale. Une petite structure comme la nôtre peut se permettre de proposer ces variétés de manière régulière étant donné un tonnage moins élevé que celui des industriels. Les besoins de ceux-ci, ainsi que la nécessité pour eux de fournir des mélanges standardisés, sont tels, qu’ils devront se tourner vers des variétés plus abondantes et moins nobles.
Notre gamme est disponible en sachet de 250g, 500g ou 1kg ; en grains ou moulu.
Nos cafés sont destinés au secteur HORECA, aux entreprises, mais aussi à la revente en épicerie fine, bio ou autre boutique, ainsi qu’aux particuliers.
La mise au point de nouveaux mélanges exclusifs et personnalisés, tout comme un conditionnement sur mesure, reprenant votre logo, sont tout à fait envisageables. »
Spécialiste des ateliers depuis une dizaine d’années, Patrice Niset vous emmène au cœur de l’excellence et des beaux gestes. Il vous fait découvrir l’envers du décor. Patrice est passionné par les gens passionnés et fiers de leurs métiers !
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