Didier & Nathalie Spang : négoce de plumes et plumassiers !
Elle est passionnée par les plumes qu’elle assemble depuis toujours. Il est passionné par les oiseaux qu’il élève et protège comme ses propres enfants. Petit, il créait des sortes d’herbiers mais à base de plumes ramassées dans la nature. Elle est autodidacte et c’est l’amour de la matière qui lui a permis d’en apprivoiser toutes les subtilités. Il n’en fallait pas plus pour que ce duo ne fasse des merveilles dans le cercle très restreint des plumassiers et du négoce de plumes.
Les plumes et l’homme, une histoire ancestrale ….
On peut dire des plumassiers et de leur art qu’ils sont aussi anciens que les sociétés humaines. L’art plumaire était en effet souvent un art sacré pratiqué par des groupes sociaux grâce à l’utilisation des plumes d’espèces différentes d’oiseaux. Au cours des âges, la discipline connait des hauts et des bas mais elle est restée vivante jusqu’à aujourd’hui. Les chapeaux sont moins à la mode aujourd’hui que par le passé et la profession en a souffert. Trois plumassiers à Paris et les Spang au Luxembourg, le métier se fait rare en Europe malgré l’énorme demande en plumes et ses débouchés innombrables.
Aux débuts de l’humanité, l’homme qui partait à la chasse tous les matins s’est vite rendu compte que sa flèche avait plus de précision en y ajoutant quelques plumes d’empennage. Une flèche efficace, c’est une gamelle bien remplie. Il n’en fallait pas plus pour que l’intérêt envers les plumes aille grandissant. C’est un matériau noble dont les applications sont infinies et dont l’homme va tirer profit.
Des rites sacrés à la mode contemporaine …
Chez les Incas, les Mayas, les tenues d’apparat étaient toujours masculines mais aujourd’hui, le côté doux et soyeux des plumes est plus l’apanage des femmes. Les pêcheurs à la mouche en sont aussi extrêmement friands (lire mon article sur le facteur de cannes à pêche Albert Bigarré) et développent des trésors d’imagination pour imiter la nature à partir de plumes. C’est un art à part entière.
On retrouve encore la plume dans les duvets et dans les objets d’écritures, les ancêtres de nos stylos plumes et billes. Les clavecins quant à eux sont équipés de plumes de corbeaux pour que les marteaux aient ce son si particulier. Les chamans zoulous d’Afrique du Sud par exemple font des incantation à la plume depuis la nuit des temps. La particularité des ces rites religieux c’est que les plumes doivent être issues d’oiseaux vivants. Si l’oiseau vient à mourir, Didier contacte la personne qui a acheté la plume pour lui faire part de la nécessité à la remplacer.
Un métier unique au monde …
Didier & Nathalie sont probablement les seuls au monde à maîtriser l’élevage et la transformation des plumes de mues. De l’œuf à la plume ! Si l’exploitation de la plume de mues reste la finalité de l’activité, Didier est très actif dans la sauvegarde, la reproduction et la réintroduction d’espèces parfois menacées .
Avec le temps Didier est d’ailleurs devenu un spécialiste de réputation mondiale qui l’amène à collaborer régulièrement avec le WWF par exemple. Ainsi, l’Argus Géant fait l’objet d’un programme de réintroduction en collaboration avec la Malaisie et le WWF. Tous les dix ans, les malaisiens prélèvent un couple dans la nature, ils l’envoient à Luxembourg pour éviter la consanguinité. Didier possède trois couples et renvoie donc un couple après reproduction qui sera réintroduit dans la nature en Malaisie.
Une passion des oiseaux qui implique toutes les attentions …
La localisation de l’élevage reste top secrète. Trop sensible pour les centaines d’espèces qui y sont regroupées. J’ai beaucoup insisté pour le voir, cela m’a été poliment mais fermement refusé. Chaque mois ce sont des centaines de kilos de fruits, de grains ou de vers de farine qui transitent par les volières pour le nourrissage de toute la ménagerie qui compte plus de 3000 individus.
Le biotope de chaque oiseau est artificiellement recréé pour se rapprocher au mieux des conditions naturelles. Substrats, végétation, nourriture, perchoirs, hydrométrie, température, rien n’est laissé au hasard. Par déontologie, on ne travaille que des plumes de mues. L’amour des oiseaux exclut tout prélèvement sur un animal vivant. Une plume arrachée contient du sang issu de la chair de l’animal. Elle est sujette au pourrissement alors qu’une plume de mue est garantie dix ans.
Une fois ramassées dans les volières, elles sont désinfectées, nettoyées, essorées, séchées et triées pour ensuite être soit exploitées par Nathalie ou revendues partout sur la planète. En fonction des espèces, les mues interviennent à des moments différents dans l’année mais chaque matin les volières sont passées au peigne fin pour récolter les précieuses plumes des 200 à 250 espèces élevées. Ce travail, dans sa globalité, impose une surveillance permanente des volières, 24 heures sur 24 avec les technologies les plus modernes et la présence permanente de soigneurs.
L’activité est par ailleurs réglementée par la convention de Washington qui veille à la protection des espèces. S’agissant des plumes, la simple détention d’une plume d’une espèce protégée peut entraîner des amendes de plusieurs milliers de dollars assorties de peines de prison fermes. Comme chez Jean-Pierre Gérard, taxidermiste, le métier est très contrôlé et encadré. Les professionnels de la plume ont pris conscience que leur activité a été à l’origine de beaucoup d’extinctions d’oiseaux quand on surexploitait les prélèvements aux siècles précédents. La convention de Washington a remis un ordre salutaire dans les pratiques.
Du Crazy Horse à Jean-Paul Gaultier
De quelques cents à plusieurs milliers d’euros, la plume est un diamant que les grands couturiers revisitent régulièrement. Quand la plume remonte sur les podiums des défilés de mode ou sur scène, les plumassiers s’associent et travaillent de concert. Dans son petit atelier du nord du Luxembourg, Nathalie travaille au quotidien sur ses collections personnelles : boucles d’oreille, extension de cheveux, parures, marqueterie de plumes, elle met la reine des volières à toutes les sauces.
Que seraient d’ailleurs les carnavals et les masques sans les plumes ?
Nathalie est devenue plumassière grâce à eux. Son travail de fin d’année lors de ses études de modistes, elle le consacre à un masque qu’elle veut emplumé ! Sa grand- mère ressort une aigrette avec des plumes de paradisiers du fond de ses tiroirs. La coiffe qu’elle avait portée lors de la communion du père de Nathalie sera démontée et agrémentée de plumes de faisans. Le coup de foudre est immédiat et Nathalie consacrera sa vie à la plume et à son métier de plumassière.
Plumassier & Négoce de Plumes : Le Site Web
Spécialiste des ateliers depuis une dizaine d’années, Patrice Niset vous emmène au cœur de l’excellence et des beaux gestes. Il vous fait découvrir l’envers du décor. Patrice est passionné par les gens passionnés et fiers de leurs métiers !
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