Loulou de Saint Gilles, spécialiste du frein ….
Louise Windelinckx est la petite fille de Désiré, celui-là même qui en 1920 lance la concession belge de la marque Lockeed à Bruxelles, spécialisée dans la commercialisation des liquides de frein.
Mécanicien de génie, Désiré modifie les circuits de freinage largement encore à câbles à cette époque pour une technologie révolutionnaire et moderne : l’hydraulique.
L’entreprise vivra de belles années jusque vers 1954 où elle sera englobée dans le groupe Lockeed pour finalement disparaître.
C’est en 1967 que Louise ouvre son enseigne à Saint Gilles et se lance dans la restauration et la réparation de freins anciens pour voiture de collection et ancêtres. Dans le Landerneau des amoureux de belles mécaniques anciennes, madame Frein est une star que l’on vient voir de l’étranger pour lui confier les maîtres cylindres, pistons, annulaires et autres presses étoupes pour leur redonner vie.
Tel un parfumeur, Louise travaillait à la fabrication du n°5 non pas de célèbre parfum mais d’un liquide de frein de la composition de son père. La technologie des étriers produisant un freinage beaucoup plus puissant, les liquides de frein devaient résister à des températures beaucoup plus élevées qui eurent raison du n°5.
Qu’à cela ne tienne, après la fermeture de l’entreprise familiale, Louise rejoint Mr Peffer à la rue de l’Hôtel des Monnaies. Les servos freins font alors leur apparition et Louise et son associé modifieront des dizaines de véhicules pour les équiper de cette assistance au freinage. La maison de maître de la rue de l’Hôtel des Monnaies n’a bien sûr pas de fosse ou de pont pour travailler sur les véhicules : le trottoir fera l’affaire. Une autre époque!
En 1987, 20 ans d’une étroite collaboration stoppe brutalement à la mort de Mr Peffer. Louise décide de continuer malgré les difficultés et la solitude. En 2011, Madame Frein est devenue une figure emblématique de Saint Gilles. Souriante, disponible et malicieuse, Louise jette un regard implacable sur la survie de son activité qu’elle n’envisage pas. L’atelier ne lui survivra pas car elle ne forme personne. Trop cher, trop long, trop désuet.
Lors de l’exposition que j’ai faite sur les artisans d’Art au Domaine du Château de Seneffe en 2014, voilà ce que je déclarais lors d’une interview à propos de Louise …
Quelle est, jusqu’à présent, ma rencontre la plus marquante ? Patrice Niset : Elle l’ignore probablement. Imaginez un atelier maculé d’huile du sol au plafond ! 40 années ou plus de réparation et remise à neuf de systèmes de freinage automobile. Rien de glamour dans cette saleté grasse. Loin des artisans d’art et pourtant si proche : Louise est une passionnée et je suis passionné par les gens passionnés et atypiques. Louise Windelinckx illumine les lieux de sa présence. Ce petit brin de femme est d’une grâce et d’une douceur qui crève l’image. Sa voix douce et apaisante (je suis très sensible aux voix) achève ce tableau paradoxal. Louise ne fabrique rien d’exceptionnel mais elle est connue dans l’Europe entière par les amateurs d’ancêtres automobiles. Elle remet à neuf les systèmes de freinage et contribue à redonner vie aux old timer. C’est la rencontre la plus spéciale que j’ai faite.
Spécialiste des ateliers depuis une dizaine d’années, Patrice Niset vous emmène au cœur de l’excellence et des beaux gestes. Il vous fait découvrir l’envers du décor. Patrice est passionné par les gens passionnés et fiers de leurs métiers !
Leave a reply