Marie-Reine Detroye : d’or et de lumière.
L’Agate : petit atelier du centre de Bruxelles où Marie-Reine Detroye, doreuse, redonne le lustre perdu aux beaux objets qui lui sont confiés. Restauratrice d’objets d’art, Marie-Reine rend vie à ces témoins du passé, dans le plus grand respect du travail de ces prédécesseurs.
Si l’application de la feuille d’or est l’étape la plus visuelle et la plus prestigieuse, elle demande un travail de préparation et de finition très délicat et parfois très long. Bienvenue à la pointe de l’art …
MRD : A l’origine, j’ai intégré un atelier de restauration multidisciplinaire en restauration d’objets d’art. Les encadrements étaient une activité secondaire de l’atelier dont personne ne s’occupait vraiment. J’ai proposé au responsable de l’atelier de prendre en charge la restauration de ceux-ci. Il m’a donné son feu vert. La dorure allait rapidement croiser mon chemin.
LMdO : Vous aviez tout à apprendre ?
MRD : A la Cambre, j’ai suivi un cours de dorure et un cours sur les techniques de polychromies dans le cursus de mes études en restauration d’objets d’art. C’est là que j’ai découvert ce beau métier, de là est née une évidence : « je voulais être doreuse ». Ensuite, j’ai eu l’opportunité de travailler sur un chantier de rénovation en bâtiment : le théâtre Royale de Namur et d’intégrer une équipe de doreurs qui pendant un an a redonné ses habits de lumière aux décors à l’italienne du théâtre. Je commençais à apprendre le métier. C’est ma rencontre avec un batteur d’or qui va vraiment changer mon destin.
LMdO : Un batteur d’or ?
MRD : Un superbe métier, très physique qui a presque complètement disparu : fabricant de feuille d’or (voir mon article sur Battiloro à Venise) . L’atelier multidisciplinaire ayant rentré une console d’époque Louis XIV de grande valeur esthétique et historique à restaurer, il fallait absolument que je maîtrise les techniques de l’apprêt et de dorures pour mener à bien cette restauration. Le batteur d’or étant en contact avec toute la profession, il m’a présenté à un doreur belge qui jouissait d’une très bonne réputation et d’une expérience de 40 années dans le métier, celui-ci a accepté de me former. Voilà comment je suis devenue doreuse.
J’insiste sur le fait que je traite les œuvres qui me sont confiées en respectant les techniques de dorures et les métaux en feuilles : en conservant au maximum les dorures d’origine pour le plus grand respect du travail tout en redonnant la lisibilité à l’œuvre.
LMdO : C’est important ce respect du travail de vos prédécesseurs?
MRD : Primordial je dirais. Passer au travers serait une trahison de la transmission du savoir faire qui m’a été donné par mes différents maîtres doreurs. Ces objets ont pour la plupart bravé les siècles. Il faut envisager la restauration sous l’angle de la durée dans le temps. Le doreur perpétue le geste des anciens , pour la dorure pas de réversibilité, il faut donc avoir une connaissances et une maîtrise des techniques de dorure dans le but de prendre les bonnes décisions de restauration . C’est la seule façon de ne pas altérer les objets d’art et souvent de façon irréversible.
LMdO : Quel est votre rapport à l’objet ? Un cadre, c’est un élément secondaire dans la globalité d’une oeuvre non ?
MRD : Un cadre met en valeur une œuvre peinte. L’ encadreur réalise le cadre en fonction de l’œuvre. Je ne suis pas encadreur mais restaurateur, il m’arrive parfois de réaliser des cadres pour les œuvres de certains de mes clients, mais c’est assez rare. Certains encadrements sont de véritables œuvres d’art à part entière. Ils volent parfois la vedette aux œuvres peintes qu’ils sont sensés magnifier. D’autres pièces que suis amenée à restaurer sont du mobilier d’apparat : consoles, sièges, fauteuils , canapé , sculptures ainsi que du mobiliers religieux …
LMdO : Quel est le travail le plus intéressant à vos yeux?
MRD : Mon petit péché mignon … chiner pour trouver une belle pièce du 17 ème ou du 18 ème sur une brocante et la restaurer pour mon plaisir et pour mon petit jardin secret comme les anges et le candélabre qui sont aux murs dans l’atelier. Mais mon grand bonheur, c’est de voir les clients découvrir leurs objets restaurés …
Spécialiste des ateliers depuis une dizaine d’années, Patrice Niset vous emmène au cœur de l’excellence et des beaux gestes. Il vous fait découvrir l’envers du décor. Patrice est passionné par les gens passionnés et fiers de leurs métiers !
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