Catherine Somers, costumière à l’atelier des rêves …
Un endroit rare. Une artisane discrète. Un atelier hors du commun. Un métier un peu intriguant : costumière de théâtre. L’équation était trop belle pour qu’elle m’échappe. Elle n’est d’ailleurs pas complète. C’est en préparant un reportage sur un atelier voisin beaucoup (Quentin Halflants, fabricant de barques) plus grand que j’ai fini par comprendre que la magnifique roulotte du jardin renfermait un espace de travail totalement unique. C’est là que Catherine Somers, scénographe de formation et costumière nous reçoit en pleine création de costumes animaliers pour enfants. Ils seront livrés à un célèbre centre récréatif dans quelques semaines.
LMdO : Scénographe, chapelière, modiste, costumière … quel est le fil conducteur ?
Catherine Somers : J’ai un peu bouclé la boucle puisque, actuellement je crée des costumes principalement pour le théâtre et l’opéra. Je mets mon expérience de scénographe au service de l’interprétation du scénario dans lequel le costume que je vais imaginer va jouer un rôle. Je mets mon expérience de chapelière au service de la couture, là c’est de la technique … et je crée des univers en adéquation avec le spectacle. C’est ma recette de costumière.
LMdO : Un travail de création au service d’un metteur en scène et d’une oeuvre … raconte nous comment tu t’y prends.
CS : C’est un travail d’imprégnation. Avoir le sens littéraire est important puisque l’on part toujours d’un document écrit. Charge à la costumière que je suis de se projeter dans l’imaginaire vers lequel le metteur en scène veut emmener les spectateurs. En général, cela passe par le dessin ou la maquette avant la réalisation pratique. Chaque aspect de la mise en scène a son importance et c’est donc un travail d’équipe à l’arrivée. Il faut être inventif pour que les costumes soient confortables, pratiques, rapides à enlever, facilement nettoyables … le cahier de charge peut être complexe. Et il évolue parfois jusqu’à la dernière minute, voire en cours de représentation.
LMdO : Comment passes-tu d’un univers à l’autre ? Je suppose que les projets se suivent et ne se ressemblent pas ?
CS : La peur de la page blanche ne me guette pas parce que le metteur en scène a toujours une idée relativement précise de ce qu’il désire. Je me mets à son écoute mais il est vrai que cela ne suffit parfois pas. Sur des réalisations où la rigueur historique est importante par exemple, je me documente beaucoup, en lisant ou en regardant des films sur le sujet. Mais toujours avec un regard critique car la rigueur historique de certaines œuvres cinématographiques par exemple, n’est pas toujours au rendez-vous. Il ne faut pas tomber dans ce piège là non plus.
LMdO : C’est un éternel travail de réinterprétation ?
CS : Oui, c’est évident. L’époque influence toujours la façon dont on voit les choses, dont on les extrapole et la manière de les interpréter aussi. Un film historique tourné dans les années 50 aura un parfum de l’époque qui va déteindre sur les costumes, aucun créateur ne peut prétendre échapper à cela. Son époque influencera toujours son style.
Ceci dit, j’y vois relativement vite clair en fait. A l’achat des tissus, je sais si mon dessin va être sublimé et je sais si je suis dans le bon comme on dit. C’est d’ailleurs parfois plus compliqué parce qu’il m’arrive de partir de costumes récupérés aux fripes ou aux puces. J’y fais mes petites emplettes et tout le travail consiste alors à réinterpréter le costume pour qu’il corresponde au rôle.
LMdO : Impossible de ne pas en parler … ton atelier est très particulier! Parle nous de ça s’il te plait …
CS : [sourire … ] La roulotte est inspirée des roulottes hollandaises de Buggenhout. Elle a été entièrement construite par mon compagnon Quentin Halflants qui est ébéniste de métier. Quand j’ai cessé mon activité de modiste chapelière à Bruxelles, il me fallait un endroit pour travailler. Le projet initial prévoyait une simple annexe à la maison. On s’est pris au jeu et quand la roulotte s’est imposée, au fil du temps, elle est presque devenue un objet d’art … On est parti d’un châssis authentique et tout a été construit autour, avec en réalité un point fort : le luminaire art déco autour duquel toute l’esthétique de la roulotte a été développée. Pendant deux ans, on s’est beaucoup amusés je dois dire. De surcroît, comme le châssis était de grande taille, nous en avons profité pour installer une chambre d’amis à l’arrière … elle a beaucoup de succès!
Spécialiste des ateliers depuis une dizaine d’années, Patrice Niset vous emmène au cœur de l’excellence et des beaux gestes. Il vous fait découvrir l’envers du décor. Patrice est passionné par les gens passionnés et fiers de leurs métiers !
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Super !!